Le photographe Herman Leonard est mort samedi 14 août à Los Angeles, il avait 87 ans. Il avait portraituré les plus grands noms du jazz, de Billie Holiday à Miles Davis, dont la beauté ésotérique le captivait. «L'ossature de Miles s'est magnifiée avec l'âge», confiait-il en 1995, sans regret pour cette époque mythique, alors qu'il s'était enraciné à La Nouvelle-Orléans pour honorer les bluesmen du Mississippi. En 2005, l'ouragan Katrina avait emporté en partie sa maison ainsi que 8 000 photos d'archives, mais pas les négatifs, heureusement conservés dans un musée.
Né le 6 mars 1923 à Allentown (Pennsylvanie), le jeune Leonard, fils d’un fabricant de corset pour dames, s’adonne au base-ball et assiste son frère dans la chambre noire. Décidé à devenir grand reporter, il s’inscrit à l’université de l’Ohio, la seule à délivrer un diplôme de photographie (qu’il obtient en 1947), avec une parenthèse militaire en Birmanie. Ses études achevées, il part pour Ottawa (Canada) afin d’assister Yousuf Karsh, l’homme qui a réussi à croquer Winston Churchill sans son cigare.
Dès l'ouverture de son studio à New York, Leonard fréquente les clubs, Blue Note ou Village Vanguard, où se produisent les Parker, Monk et Gillespie. Avec son Speed Graphic 4x5, dans l'obscurité des salles enfumées, il enregistre les musiciens épris d'absolu, les voix à bout de souffle, les cœurs meurtris. Ses portraits au noir minéral, qui divinisent corps et visages, séduisent les labels, Capitol, RCA,