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Libération

Au fond des bas-fonds

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[Portfolio] . Andrea Star Reese a vécu avec les déshérités de New York. Ce travail, «The Urban Cave», est exposé dans le cadre de Visa pour l’image à Perpignan, qui commence samedi prochain.
publié le 21 août 2010 à 0h00

Spontanément nous reviennent les images de Jacob A. Riis, ce Danois émigré à la fin du XIXe siècle aux Etats-Unis qui eut l'idée de s'emparer de la photographie pour témoigner de la misère sociale, telle qu'il l'avait découverte dans les quartiers pauvres de New York.

Traînant dans les capharnaüms du Lower East Side, Riis en exhuma une population hâve, dont les sujets - principalement noirs - de sa quasi-homonyme Andrea Star Reese seraient aujourd’hui les improbables descendants.

D’abord documentariste chevronnée (elle a travaillé pour CNN, ABC, la RAI…), cette Américaine de 58 ans s’est ensuite investie dans la photographie. Et plus particulièrement dans le projet «The Urban Cave», qui a nécessité une immersion - le terme valant ici plus que la métaphore - d’environ trois ans, au contact de cette microsociété urbaine composée d’individus qui (sur)vivent dans des tunnels, des caves, des décombres d’immeubles, ou sous les ponts. La drogue, l’alcool et la maladie tapissent les anfractuosités de ces ténèbres citadines. Mais Andrea Star Reese - drôle de nom pour quelqu’un si proche des bas-fonds - s’intéresse en premier lieu à des êtres (rarement plus d’un ou deux à la fois : cela atteste déjà un sens de l’équité) qui, même déchus, n’ont pas abdiqué. Quelles que soient leurs affres du quotidien, ils (et elles) savent encore se marrer, lire un livre, ou juste lever les yeux.

Marginale par définition, cette population, débusquée pour l’essentiel du côté de Harlem, a, au pr