«Excentrique, moi ?» On a beau dire à Vivienne Westwood, débordée dans son atelier londonien, que ce n'est pas péjoratif, qu'il faut entendre le mot au sens littéral de «décalé par rapport au centre», rien n'y fait. «C'est une étiquette très réductrice, de ma personne et de mon travail, reprend-elle agacée. Je me pose beaucoup de questions, je m'intéresse à la culture, je crois avoir un grand sens du vêtement et de la joie de vivre. A aucun moment je n'ai essayé de choquer. Je suis une littéraire qui raconte des histoires à travers des vêtements.»
Si elle est aujourd'hui canonisée par le monde de la mode pour le sérieux de son travail enraciné dans l'histoire du costume, Vivienne Westwood a, quoi qu'elle prétende, commencé par choquer l'Angleterre en étant à l'origine du style punk avec feu Malcolm McLaren, manager des Sex Pistols. «On a essayé de réveiller les gens, de les sensibiliser aux droits de l'homme et à la souffrance humaine. Le style punk, c'était le look guérillero urbain, et la coupe punk donnait aux filles l'allure splendide de princesses d'une autre planète. J'étais dégoûtée par la cruauté du monde et je rendais la génération précédente responsable de cette situation. Je pensais qu'il fallait changer les choses, agir, et vite.»
Rien ne prédisposait Vivienne Isabel Swire, née le 8 avril 1941 à Glossop, petite ville du nord-ouest de l'Angleterre, à inventer la mode de rue la plus extrême de l'histoire. «J'ai grandi à 15 kilo