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Libération
Reportage

La vue est Tunick à Aurillac

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Performance . Le Festival de théâtre de rue a servi vendredi de cadre à l’Américain Spencer Tunick pour une nouvelle photo de foule dénudée.
publié le 21 août 2010 à 0h00

«Ne souriez pas !» L'injonction fuse de la cime, avec une vue imprenable sur Aurillac qui se réveille pour sa troisième journée de festival. «Pas de collier ni de bagues ! Les tatouages et les traces de maillot de bains, derrière.» Perché sur un échelle, l'Américain Spencer Tunick dicte par haut-parleur ses consignes, répercutées par une interprète. Les directives dégringolent de la crête, font frémir la masse humaine jusqu'en bas du pré. Près de 700 hommes et femmes en costume d'Adam dans le jour qui se lève font face à l'objectif de l'artiste. Masse malléable et volontaire d'une prise de vue éphémère.

Vendredi matin, le photographe des foules dénudées, depuis New York en 1992, a rajouté Aurillac à son book. Troisième incursion dans la chair française après la Biennale de Lyon et la Bourgogne avec Greenpeace, la ville du Cantal marque sur l’argentique sa distinction mondiale : le parapluie. Ces 672 corps offerts à l’art ont tous en main un grand pépin noir qui sort directement de la fameuse usine locale.

Heureusement, il ne pleut pas, il fait même exceptionnellement doux ce matin-là. Çà et là, quelques vaches, de type pie-noire justement, sont les seuls spectateurs admis hormis la presse, voyeuse vêtue et dûment autorisée. Un coq chante non loin de là. Le troupeau humain parsemé dans le pâturage ne bouge plus.

«Don't smile. I don't want to see your head, only the umbrella !» («Ne souriez pas. Je ne veux pas voir vos têtes, seulement le parapluie !»)