Récapitulons : un rappeur, deux actrices de X, un DJ, une romancière, un comédien… Tous joueurs, actifs ou anciens. Tous passés à un moment de leur jeunesse par cette matrice à rêves et à cauchemars que le monde du jeu vidéo usine inlassablement à destination des ados mondialisés. Mais justement, ceux qui se trouvent de l’autre côté de cet usinage, ceux qui commandent à cette matrice, ces développeurs auxquels nous confions l’imaginaire de nos enfants, et souvent le nôtre, à quoi jouent-ils ?
Le Français Michel Ancel, 38 ans, est l'un d'eux. Son nom n'est peut-être pas aussi fameux que celui de Miyamoto, le père de Mario et de Zelda, mais c'est pourtant l'un de nos meilleurs game-designers. Il est autant admiré par les joueurs (auxquels il a donné les joies inoubliables du très populaire Ray-Man et de Beyond Good and Evil, dont on attend fébrilement le deuxième volet) que respecté par ses pairs autour du globe. Virtuose précoce, Michel Ancel a été embauché chez Ubisoft à 18 ans et y travaille encore aujourd'hui. Comme beaucoup d'enfants de sa génération, c'est avec Pong que s'est établi le premier contact entre Ancel et le jeu vidéo. C'était chez des amis, il n'avait pas 10 ans mais notait déjà cet effet proprement magique : «Le choc le plus important pour moi, ce n'était pas tellement Pong, auquel j'aimais pourtant beaucoup jouer, mais le fait que, tout à coup, on pouvait agir et interagir avec cet écran de télé gris devant le