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Une pêche miraculeuse

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[SNSM, des hommes à la mer] . Pour clore notre série sur les secours marins, le sauvetage de deux enfants tombés dans les eaux de la baie de Saint-Malo.
publié le 21 août 2010 à 0h00

Certains voient la mer comme l’amie des hommes : on a rarement lancé idée plus niaise. En dépit d’une euphonie cent fois invoquée, la mer n’a rien de maternel. On lui prête des qualités humaines. Elle est en fait une divinité froide et hostile, qui ne déploie ses charmes que pour tromper les navigateurs. Conrad a tout dit sur la question, qui voit la mer telle qu’elle est : une marâtre indifférente et cruelle qui conspire sans cesse la perte des marins. Cette profonde vérité, les hommes de la SNSM le savent bien, trouve son illustration dans les scènes les plus sereines. En baie de Saint-Malo, sur les plages tournées vers le nord, protégées par les falaises, on ne sent pas le vent du sud. Devant soi, un grand soleil, une mer plate et une brise de terre modérée : temps idéal pour une escapade en voilier, sur une eau bleue et scintillante, dans un paysage désarmant de tranquillité.

Ce 14 juillet 2009, le père arme donc ses bateaux, prend deux enfants avec lui sur le dériveur et laisse les trois autres sur le catamaran. On louvoiera devant la plage pour une tranquille après-midi de plaisance. Mais pendant ce temps, le vent forcit en altitude et l’on ne voit pas que la mer, au loin, se couvre de taches d’écume. Un bord plus long qu’un autre, un virement trop tardif, et le cataraman se retrouve au large, là où le vent n’est plus arrêté par la côte et rejoint la surface de l’eau avec toute sa force. Quelques minutes plus tard, une rafale dans la grand-voile couche le voilier qui éj