Ecoutez la singulière histoire d’un château dont on ne sait pas grand-chose, qui fut construit par un homme dont on ne sait pratiquement rien, et qu’une inscription à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques - la procédure est désormais en cours - va peut-être sauver d’un oubli définitif, voire de la destruction.
Cet édifice en ruine se dresse au flanc d’un coteau proche de Noyon, dans l’Oise. Sa large façade rongée par la végétation surgit de la verdure comme le temple d’Angkor, dont elle semble, de loin, partager l’architecture prodigue et chantournée. De près, les spécialistes parlent plutôt de style Henri II. Mais cette profusion de colonnes annelées (il y en a 96) et de frontons surchargés répond-elle vraiment à un style défini ?
Bel écrin. Cette ruine à l'aspect saisissant domine le village de Chiry-Ourscamp. C'est tout ce qu'il reste d'un chantier invraisemblable qui s'est étalé sur près d'un demi-siècle. En 1858, un certain Alphonse Mennechet de Barival, 46 ans, débarque ici et entreprend de construire un manoir, puis deux. Il fait aussi bâtir des grandes écuries. Ensuite, il plante au sommet d'une colline une tour haute de 42 mètres, dans un style mauresque, qui serait un monument à la mémoire de sa femme, Caroline, morte jeune, laissant un veuf inconsolable.
Le veuf est riche, aussi, et possède une belle collection de toiles, dessins et sculptures à laquelle il veut donner un bel écrin. En 1881, Alphonse Mennechet lance la construction d’