Ici, une rambarde un peu branlante. Là, un sol griffé. Plus loin, un revêtement peint écaillé. Le tout présenté comme des œuvres sur des cimaises. Est-ce une exposition d'arte povera qui glorifie la ruine de l'architecture ? Avec Usus/Usures, le groupe Rotor, six jeunes concepteurs belges francophones qui ne sont pas ruinistes, proposent plusieurs niveaux de lectures. Leurs fragments de matériaux détériorés font imaginer nos bâtiments très quotidiens un peu amochés. Concrètement, ils montrent comment la matière s'abîme, ce qui sera utile à tout concepteur et aux services de maintenance. Mais ils vont plus loin. Ils proposent d'être «diplomate» avec l'usure, de l'accepter si elle reste légère, comme autant d'empreintes de l'homme, «comme un précieux indice quant à la nature des usages». Car combattre «une forme d'usure peut avoir pour conséquence d'en engendrer une autre». L'investigation de Rotor, anthropologique, analyse aussi les implications sociales et psychologiques engendrées par la destruction. Jusqu'où peut-on négocier avec l'altération, inévitable, qui fait corps avec un bâtiment ? Telle est la question malignement posée.
Pour se présenter à la Biennale, côté Giardini, le pavillon belge alterne, tous les deux ans, créateurs francophones et flamands, et lance un appel à projets. Rotor, un groupe fondé en 2005, a été choisi car il sait combiner construction et recherche sur les ressources matérielles, les déchets et le r