Souvenir persistant d’une opération au genou, subie il y a trois mois, William Klein se déplace lentement, à l’aide d’une canne. De même, la silhouette est un peu voûtée et l’audition lui joue des tours. Toutefois, contredisant ces signes extérieurs de fatigue inhérente à l’âge, 82 ans, le photographe conserve une vivacité d’esprit à toute épreuve.
Le verbe incisif, au service d’une mémoire précise et d’un jugement tranché, l’Américain domicilié en France depuis une soixantaine d’années était en fin de semaine dernière à Perpignan, où Visa lui rend hommage à travers une exposition parsemée d’images cultes, consacrée aux séries sur New York (1955), Rome (1957), Moscou (1959) et Tokyo (1964). Malgré son heure de retard, William Klein ne se montre pas avare de son temps, face à la poignée de journalistes qu’il rencontre, légèrement en retrait du va-et-vient ambiant. Extraits.
De la peinture à la photo. «Je n'ai jamais fait de photos comme on l'entend ici, à savoir à partir de commandes destinées à être publiées dans des journaux ou des magazines. Quand j'ai débuté, il n'y avait pas d'expositions, de galeristes, de collectionneurs, ceci explique sans doute pourquoi je voyais le livre comme unique finalité. Mes premières photos sérieuses correspondaient avec mon retour à New York, en 1954-1955, et l'envie de parler de la vraie vie après une période consacrée à la peinture qui, elle, était abstraite, géométrique. J'ai été élevé aux Etats-Unis avec Life. L'e