«Grand invité» du musée du Louvre, où il succède à Pierre Boulez et Umberto Eco, Patrice Chéreau y déploie son univers sous le titre «les Visages et les Corps» (voir pages 38-39), à partir du 2 novembre, qui est aussi le jour de son anniversaire (il est né en 1944). Pour lui, il s'agit presque d'un retour à la maison : grandi dans le VIe arrondissement parisien, Chéreau enfant a souvent accompagné ses parents, peintres tous deux, pour arpenter le musée. Vocation précoce, le théâtre a d'abord été pour lui l'art de «faire des images». La renommée est venue tôt, dès la fin des années 60. Au Théâtre national populaire de Villeurbanne, où l'appelle Roger Planchon, il signe plusieurs productions mémorables dans les années 70. Sa mise en scène de la «Tétralogie» de Wagner à Bayreuth (Allemagne), de 1976 à 1980, avec Pierre Boulez, le confirme comme une figure majeure de la scène mondiale.
Les années 80 sont marquées par la rencontre avec Bernard-Marie Koltès, dont il met en scène plusieurs pièces aux Amandiers de Nanterre, qu'il dirige. Mais théâtre et opéra ne suffisent pas à combler son appétit. La Chair de l'orchidée, son premier film, date de 1974. Une dizaine d'autres suivront, dont Judith Therpauve (1978), l'Homme blessé (1983), la Reine Margot (1994) et plus récemment Intimité (2001), Gabrielle (2005) et Persécution (2009). Un chemin du cinéma plus chaotique, mais sur lequel Patrice Chéreau ins