Né en 1944, Jean-Hubert Martin a notamment dirigé le musée national d’Art moderne à Paris (de 1987 à 1990), le musée national des Arts d’Afrique et d’Océanie (de 1994 à 1999), le Museum Kunst Palast de Düsseldorf (de 2000 à 2006). Il est aussi l’un des plus importants commissaires français d’expositions internationales, monographiques comme thématiques, à l’exemple des «Magiciens de la terre» (1989) au Centre Pompidou, ou «Une image peut en cacher une autre» (2009) au Grand Palais. Au moment où les grosses expositions se multiplient (Monet au Grand Palais, Basquiat au musée d’Art moderne), Jean-Hubert Martin explique pourquoi, paradoxalement, ces manifestations thématiques sont un vrai casse-tête.
A l’occasion de l’exposition «Une image peut en cacher une autre» dont vous étiez le commissaire, vous avez dit que monter ces manifestations aujourd’hui était très difficile. Pourquoi ?
A cause de la nature même de ce type d’expositions qui embrassent toute l’histoire de l’art, toutes périodes et toutes disciplines confondues. On n’est donc pas dans les catégories habituelles. C’est ce que j’appelle, par facilité, une exposition créative par rapport à d’autres plus conventionnelles, comme les expositions monographiques ou celles qui couvrent une période précise. On est obligé de faire appel à des spécialistes extrêmement différents, ce qui n’est pas nécessaire avec une exposition plus classique où la communication se fait parmi un réseau de collègues, dans de petites sphères. Le milieu de l’art est très catégorisé.
C’est-à-dire…
Un conservateur d'un musée asiatique, par exemple, ne parle pas souvent, professionnellement, avec un conservateur de peinture ancienne européenne. Chac