Le tesson ne fait que quelques centimètres, mais le décor, finement pointillé, est nettement visible. Il a suffi à Christophe Sand, qui dirige à Nouméa l’Institut d’archéologie de la Nouvelle-Calédonie et du Pacifique, de disperser un peu de sable avec un bâton. Le mauvais temps est passé par là, des fragments de poterie affleurent à la surface d’une coupe sablonneuse, à quelques mètres des vagues aux tons émeraude et turquoise. Les archéologues nourrissent un penchant secret pour les catastrophes : séismes, raz-de-marée, cyclones… Rien de tel pour faire remonter à la surface des témoignages du passé.
La plage où nous nous trouvons, dans l’ouest de la Nouvelle-Calédonie, a été surnommée «Lapita». Le lieu-dit a donné son nom à une mystérieuse culture, à laquelle le musée du Quai- Branly à Paris consacre une exposition qui va durer deux mois (1), avant que les pièces ne s’en retournent au musée de Nouméa. Retenez le mot Lapita. La localisation de ces fragments et leur datation, explique Christophe Sand, ont fait exploser les certitudes acquises sur l’histoire des myriades d’îles que porte cet océan et leur peuplement humain. Et ce n’est pas fini : Lapita est une grande énigme qui parcourt l’Océanie. Cet archéologue de 46 ans s’est retrouvé au cœur de cette recherche à un moment crucial de l’histoire d’un pays qui, il y a une vingtaine d’années, sortait d’un climat de guerre civile.
A Nouméa, comme dans les villages, les jeunes Caldoches ou Kanaks sortent ensemble en boîte. Déso