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Libération
Reportage

A Bamako, les vers solidaires d’Oxmo Puccino

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Festival . Le rappeur a tenu des ateliers d’écriture aux Etonnants Voyageurs.
publié le 3 décembre 2010 à 0h00

Dans le minibus, Oxmo Puccino continue à pianoter sur son ordinateur. De mini-exercices préparatoires pour l'atelier d'écriture qu'il anime pendant trois jours à Bamako. Les cahots du bout de piste qui longe l'hôtel vers l'asphalte de la rue principale lui rappellent une pénible équipée du Mali au Sénégal. L'aéroport fermé, il avait dû faire trente heures de car, dont quatre de violentes secousses, et «la trente et unième, j'étais sur scène»…

Le rappeur de 36 ans, originaire de Ségou, n'avait pas remis les pieds sur sa terre natale depuis deux ans. Ici, on a vu à la télé la bonne tête du Bambara Oxmo, de son vrai nom Abdoulaye Diarra, mais sa musique s'écoute assez peu. «Je suis le Malien qui a réussi», s'amuse-t-il sans forfanterie. Une once d'angoisse émane même de lui, qu'il cache pudiquement derrière un voile d'ours débonnaire.

Métaphore. Depuis que ce mineur de mots sur le tas a découvert l'extase des phrasés inédits, des arrangements néophytes et de la métaphore ouvragée, il dort moins bien finalement. La découverte des alliages sensibles, loin de sa compulsivité des débuts et des incantations ostentatoires d'une bonne partie du rap, se paye aussi. Il faudrait quand même qu'il se remette à écrire et rigole presque jaune en délivrant à ses treize stagiaires une trouvaille de la veille : «Avant, la peine m'inspirait, aujourd'hui j'ai de la peine à avoir assez de joie pour m'inspirer.» Il raconte qu'il a commencé à écrire sur l'in