Un conservatoire de la couleur comme il existe des conservatoires de musique. «Où l'on pratique ce que nous voulons conserver», précise Sophie Mariot-Leduc, responsable du développement du projet «Okhrâ, le conservatoire des ocres et pigments appliqués», qui a ouvert à Roussillon, dans le Vaucluse, en 1995.
Avant la fermeture, en 1960, de l'usine Mathieu, l'une des dernières encore en activité, les carrières d'ocre faisait tourner l'économie de ce village. L'usine «a employé, au milieu du XIXe siècle, jusqu'à 50 personnes», rappelle Alain Daumen, ancien maire de Roussillon. L'arrivée des pigments de synthèse et d'importation a sonné le glas de la production française. Et le site de Roussillon semblait voué à jouer les décors de carte postale.
Valorisation. C'était sans compter avec la passion pour le patrimoine industriel de deux trentenaires diplômés de Sciences-Po : Mathieu et Barbara Barrois.«Alors que la mairie venait de racheter les ruines de l'usine, au début des années 90, on les a vus débarquer avec leur projet de "conservatoire de la couleur"», se souvient Alain Daumen. Séduite par l'idée, la municipalité attribue, en 1995, 4 millions de francs à la requalification des 2 000 m2 d'usine et des 5 hectares du parc. Munis d'une délégation de service public, les Barrois investissent les lieux. «L'ocre à Roussillon avait un grand potentiel, explique Mathieu Barrois. Non seulement grâce au savoir