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portrait

La belle apeurée

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Tasha de Vasconcelos. Reconvertie dans la philanthropie, l’ex-top portugaise, 44 ans, est craintive comme une biche. Perturbée et perturbante.
publié le 20 janvier 2011 à 0h00
(mis à jour le 21 janvier 2011 à 11h15)

Le premier quart d'heure est une épreuve. Pensant bien faire, Tasha de Vasconcelos a enregistré sur son smartphone les idées fortes qu'elle veut communiquer. Exemple : «Je n'ai jamais autant travaillé qu'aujourd'hui.» A 44 ans, elle continue d'enchaîner les campagnes comme égérie des marques. Cramponnée à son téléphone comme un bébé nageur à sa bouée, elle enchaîne les phrases toutes faites, sans rapport, ni transition. «Je suis terrorisée par cette interview», se justifie-t-elle dans un français mal assuré. Elle sanglote puis repart, «Tou sais ?» sur complètement autre chose. Plus elle nous parle, plus elle nous perd, jusqu'à ce que l'on se décide à commettre l'impensable : lui demander de se taire. «Maintenant vous respirez un grand coup et vous me laissez poser mes questions.» Elle s'excuse, mortifiée.

Au fond, on n'en mène pas large non plus, mais il faut bien faire son boulot. A ce stade : déterminer si le top-model assis devant nous est un esprit creux, ou azimuté. Pour ce faire, lui poser une question un peu longue, donc potentiellement difficile à assimiler : «Depuis vingt-cinq ans que vous faites ce métier, vous avez été photographiée par Peter Lindbergh et Patrick Demarchelier. Vous avez défilé pour Armani, Dior et Saint Laurent. Il est question que vous clôturiez le prochain show de Jean Paul Gaultier et là, vous me dites que vous avez peur d'une interview ? Je ne comprends pas.»

C'est que la réponse est bien plus compliq