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portrait

Ministre gazouilleur

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La Tunisie après Ben Alidossier
Slim Amamou. Emprisonné pour cyber-activisme, ce blogueur tunisien et Net-entrepreneur, est désormais ministre de la Jeunesse.
Slim Amamou lors de sa prestation de serment pour entrer au gouvernement, le 18 janvier. (AFP/Fethi Belaid)
publié le 8 février 2011 à 0h00

Il aura fallu dix-huit textos, douze coups de fil et quatorze jours d'attente, avant d'obtenir le rendez-vous. Slim Amamou, alias @Slim404, l'ex-cyberdissident, figure de proue de la révolte qui a renversé le président Zine el-Abidine Ben Ali (Zaba), a été propulsé secrétaire d'Etat à la Jeunesse et aux Sports, quatre jours après sa sortie de prison. Et forcément, il est surbooké. «Ne vous inquiétez pas si je mets longtemps à répondre, ça veut pas dire que j'ai été arrêté, smiley. Je suis submergé», indiquait l'un de ses premiers tweets, juste après sa nomination.

Finalement on y est. Porte 252. Dans cet immense bureau, Amamou, 33 ans, a l'air d'un intrus. Devant lui, la table est vide, aucun dossier, un écran d'ordinateur et son téléphone portable. Comme s'il était prêt à repartir d'une minute à l'autre. «Un ordinateur, ça suffit largement», affirme-t-il tout sourire. En apparence, il ne reste pas grand-chose du cyber-activiste, auteur en mai 2010 d'une première tentative de révolte contre la censure du pouvoir, baptisée «Lâche-moi». Sa chevelure bouclée a été rasée. «En prison, pour raison d'hygiène», précise Amamou. Son look est plutôt classique : pull brun sobre et pantalon bleu côtelé. Son acte de résistance : ne pas porter de cravate. «Ça me vaut déjà pas mal de critiques», ironise-t-il. Mais derrière ses lunettes branchées, le jeune pirate du Net semble fatigué. «C'est tout aussi étrange pour moi d'être secrétaire d'Etat que d'êt