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Soyez patients !

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Inspiré de médaillons sculptés sur la façade du Centre universitaire des Saints-Pères à Paris, un ouvrage retrace l’aventure médicale de l’Antiquité à nos jours.
publié le 19 février 2011 à 0h00

L'extraction de la «pierre de folie» est une opération chirurgicale dont on ne sait si elle fut couramment pratiquée. Mais il est établi qu'elle a été abondamment représentée par la peinture hollandaise et flamande du XVe au XVIIe siècle : au moins une vingtaine de toiles et gravures sont encore là pour en témoigner, signées Jérôme Bosch, Pieter Brueghel, Frans Hals, et d'autres. On y voit des types plutôt inquiétants se faire extraire du crâne, par des types à peine moins inquiétants, ce qui ressemble à un gros caillou. La pierre de folie ! Voilà un traitement vraiment radical de l'aliénation, pour autant que le patient ait effectivement un caillou dans la tête et que cet objet soit la cause de sa folie.

Certes il n’est pas impossible qu’un jour, quelque part, par hasard, un barbier de l’époque ait découvert, après trépanation, une tumeur calcifiée dans la tête d’un sujet lunatique et que l’extraction de la chose ait quelque peu amélioré l’état du client. Mais la littérature médicale de l’époque reste à peu près muette sur ce type d’opération, ce qui laisse penser que les représentations flamandes évoquées plus haut sont principalement symboliques. Un peu comme aujourd’hui des caricaturistes montreraient des patients avec une araignée au plafond en train d’être soignés au moyen de larges vaporisations d’insecticide.

Clystères et extracteurs

De l'Antiquité jusqu'au XIXe siècle, l'exercice de la médecine s'est plus ou moins résumé à la mise en scène d'un spectacle, donn