Confier la caméra aux habituels personnages d’un documentaire afin qu’ils en deviennent les réalisateurs : c’est ce que fait, depuis 1994, l’association Périphérie (1) dans le cadre des Observatoires documentaires. La méthode est savamment codée et consiste à s’implanter dans un milieu professionnel puis à initier les participants aux règles du film documentaire, afin que, caméra en main, ils puissent par eux-mêmes décrire leur réalité professionnelle et les difficultés qui l’accompagnent.
Pour Philippe Troyon, spécialiste du documentaire et responsable de l'atelier Education à l'image au sein de l'association, «le but de cette méthode n'est pas tant de rendre les employés réalisateurs que d'utiliser l'image comme un moyen pour comprendre la réalité d'un mode de travail».
Diffusé ensuite dans d’autres entreprises soumises aux mêmes difficultés, le film a vocation à devenir un mode d’emploi incarné : le récit d’une réalité professionnelle et des relations journalières qui la constituent.
Pratique. Pour leur nouvelle résidence, les Observatoires se sont tournés vers un centre hébergeant des déficients mentaux, le foyer de vie Saint-Louis de Villepinte (Seine-Saint-Denis), nouvellement reconstruit. Le lieu fonctionne sur le volontariat : nul n'est hospitalisé contre son gré et chacun peut partir quand il le souhaite. Cent vingt employés y travaillent aux côtés de 99 résidents. Le foyer a pris en charge le financement du projet et les Observatoires ont pu