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Libération
Critique

Anna Malagrida, à toutes feintes utiles

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Photographie . A Pontault-Combault, l’artiste catalane présente plusieurs séries d’œuvres troublantes qui posent un voile subtil sur le réel.
publié le 25 février 2011 à 0h00

Remarquée à Madrid, en 2002, lors de la cinquième édition de PhotoEspaña, Anna Malagrida est une photographe qui ne s’oublie pas. Cette Catalane, née à Barcelone en 1970 et vivant à Paris depuis 2004, développe un travail d’une rare subtilité. Il y est question de documenter le réel et de s’en éloigner simultanément. Une affaire de perception, où la photographie a presque un rôle diplomatique, donnant à ressentir et, d’une certaine façon, à espérer, au-delà du cadre même, plongeant le spectateur dans un état hypnotique.

Béton. Ce partage est à l'épreuve au Centre photographique de Pontault-Combault, dont l'amplitude rudimentaire permet un accrochage aéré. Sont ici présentés des extraits de plusieurs séries, et deux vidéos, qui montrent comment Anna Malagrida s'inscrit dans un espace-temps universel. Parfois teinté d'intimité, mais sans aucune gêne, le but n'étant pas de heurter, mais plutôt d'ouvrir le regard, voire de le prolonger. Ainsi de ces Interiores (Intérieurs), déjà vus à Madrid et qui restent exemplaires de son style.

A Paris, tout près de la gare Montparnasse, à la tombée de la nuit, elle s'empare de l'immeuble de Jean Dubuisson, architecte ardent des années 60, et le démultiplie en une surface imaginaire, comme le story-board d'un film. S'y distinguent des éclats de vie, silhouettes minuscules ravies au hasard et qui semblent soudain les hôtes de curieux coquillages en béton. Précision de Malagrida (1) : «La photographie est une emprei