Le Corbusier (1887-1965) est le premier architecte à avoir pris «la planète comme chantier», pour reprendre l'expression de l'historien de l'urbanisme Jean-Louis Cohen : la Casa Curutchet à la Plata, en Argentine, le musée national d'Art occidental de Tokyo, la ville nouvelle de Chandigarh en Inde, etc.
Le ministère de la Culture, épaulé par la Fondation Le Corbusier, a en conséquence dûment lancé le 31 janvier dernier le processus visant à l'inscription de l'œuvre de l'architecte franco-suisse sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, au titre de «biens en série», soit un cumul de différents monuments, en associant cinq pays : l'Argentine, l'Allemagne, la Belgique, la Suisse et le Japon. Si l'aspect transnational du dossier ne peut être que bénéfique, les trous qu'il laisse paraître sont en revanche regrettables.
Repère. Au premier rang des carences significatives, il faut noter celle de la villa Baizeau, sise à Carthage, à côté de Tunis. Construite en 1928, cette villa de bord de mer est un joyau architectural archétypal de la période «puriste» du théoricien des temps modernes : grand bloc rectangulaire, elle se compose de formes simples, épurées, privilégiant la couleur blanche. En construisant cette bâtisse dans la première moitié du XXe siècle, Le Corbusier réussit le tour de force d'implanter le courant moderne dans le monde méditerranéen. Cette caractéristique fait de la villa un repère unique à la croisée des