Il en a vu tomber des trapézistes, et des dompteurs se faire bouffer par leurs fauves. On ne passe pas près d’un demi-siècle sur les pistes de cirque et les scènes de cabaret sans assister à quelques drames. Comme la fois où l’homme-canon du Ringling Bros and Barnum Circus est retombé à côté du filet. C’était à Taiwan au début des années 80. Sergio, alias Serge Drouard, était alors le M. Loyal du cirque américain en tournée. De sa voix de baryton, posée et sans effets, il annonçait des numéros fort spectaculaires, et celui-là l’était tout particulièrement. Mais ce jour-là, Alvin Bell avait mal réglé son canon et il a atterri dans une chaise roulante qu’il n’a jamais plus quittée.
Le cirque est une des rares disciplines artistiques où le créateur risque vraiment sa peau. Le frisson fait partie du spectacle. Un spectacle que Sergio va quitter dimanche soir, à l'issue de sa dernière saison au Cirque d'hiver-Bouglione, dans le XIe arrondissement parisien, où il a officié comme ringmaster pendant un paquet d'années. Puis, il ira boire un dernier verre avec les clowns, les acrobates et les jolies écuyères. Il a 60 ans, il dit que mieux vaut quitter qu'être quitté, qu'il est temps pour lui de raccrocher après quarante-cinq ans de fréquentation des pistes, dont quarante comme M. Loyal sous divers chapiteaux : Bouglione, Jean-Richard, Festival international de cirque de Monte-Carlo, etc. Il fut aussi animateur de la revue du Paradis latin, un cabaret parisien, dura