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Libération

Neuf mois derrière le rideau

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Depuis mai, la compagnie de Joël Pommerat travaille sur sa nouvelle création «Ma chambre froide». De l’ébauche à la première au Théâtre de l’Odéon. Filage.
publié le 5 mars 2011 à 0h00

Dans le paysage théâtral français, Joël Pommerat, 47 ans, a ceci de précieux qu'il cultive sa singularité au prix d'une obstinée fidélité. Celle d'une folle promesse qu'il a faite, un jour de l'an 2000, à sa troupe, Louis Brouillard (molière de la meilleure compagnie l'an dernier): monter chaque année une nouvelle création, jusqu'à ce que mort s'en suive. Avec la même règle du jeu depuis presque vingt ans : écrire, à partir du travail d'improvisation de ses acteurs, un théâtre cinématographique, habité de réalité sociale. Comme une succession de plans séquences, alternance de noirs absolus et de lumière irréelle, d'où surgissent le rêve, la beauté et l'étrange. Depuis mercredi et pour un mois, Joël Pommerat présente sa nouvelle pièce, Ma chambre froide, au Théâtre de l'Odéon, à Paris. Avant une tournée dans toute la France. Libération a suivi, depuis presque un an, chaque étape du voyage. Journal de bord.

Théâtre de l’Odéon, le 21 mai 2010

Trois balises non négociables

Joël Pommerat a rendez-vous avec l’administration du Théâtre de l’Odéon. Hier, il a ressenti pour la première fois le besoin d’enregistrer sur le disque dur de son ordinateur, les douze pages de notes qu’il prenait jusque-là à la volée sur son Blackberry. Une sorte de cadavre exquis d’idées, de sons, de références et d’images qui se bousculent, se complètent ou s’annulent. Ses premiers mots : «Thème du déterminisme et de la marionnette. La liberté. Patron forcément salauds. Ouvriers forcément dominés». Et puis en vrac. «Histoire entremêlée Kurosawa-réalisme