Besson, Patrick, 54 ans. Des romans, beaucoup, 20, 30, on ne sait plus, et souvent virant alentour les petits maux d'amours. Des chroniques, des satires, des acharnements sans rime, ni raison, de la méchanceté à la trique et la désinvolture fantasque d'un nettoyeur assez nettoyé. Le tout empaqueté dans du papier journal, abats, abattis, airs rebattus, pour le Point et avant pour Marianne,VSD,le Fig Mag, et encore pour Voici, Max, partout, nulle part,l'Huma, l'Idiot International, par nostalgie d'un empire englouti, par fidélité à un bouffon aveugle, pour qui voulait et qui payait. En politique, une réputation exagérée de dessoudeur des bien-pensances, d'anar slave, de Cioran souriant, de snipper rouge-brun, et de hussard étrillé à la slivovica. Ce qui fait beaucoup pour un seul homme, grandi à Montreuil (Seine-Saint-Denis), entre une superbe gymnaste croate et un imprimeur juif russe. En vis-à-vis, à la Closerie des Lilas, de tout ça, il reste quoi ?
Il parle comme il écrit. De loin, il a cet air ralenti des grands gars de plein-vent, des ouvriers d'échafaudage qui passent leur temps à recompter les nuages. Bras trop longs, mollets à godillots, allure bonhomme des oursons patachons devenus ours patagons. Vêtements sans marque, achetés au poids, une fois tous les deux ans. Bien en vue, sa myopie porte lunettes quand personne n'imagine un tueur qui viserait flou. C'est quand il ouvre la bouc