Menu
Libération
Critique

Des espaces et des hommes

Article réservé aux abonnés
Expo . A Paris, une installation de deux vidéastes suisses qui captent l’évolution des territoires.
publié le 19 mars 2011 à 0h00

Pour sa première exposition monographique parisienne, le duo suisse Frédéric Moser et Philippe Schwinger a pris ses quartiers dans un treizième arrondissement en mutation urbanistique. Ça tombe bien, l'assemblage de Ce dont on sera dans l'avenir capable s'appuie sur un projet filmique entamé en 2008 et censé capter les évolutions de l'espace urbain français à l'orée du XXIe siècle.

France, détours (du nom de la série réalisée par Godard en 1978, France/tour/détour/deux/enfants) est un programme itinérant, questionnant l'inscription de l'homme dans un territoire, une friche, un peu partout en France. Des quatre étapes de France détours, seules deux ont déjà été accomplies: le filmage réalisé dans la banlieue toulousaine du Mirail en 2009, et celui tourné à Pierrefitte-sur-Seine dans le 93 en 2011. Polyvalent, le duo propose avec ces «détours» deux techniques de documentaire. A Toulouse, plans fixes, caméra à l'épaule, voix off, Moser et Schwinger sont allés à la rencontre des riverains du quartier du Mirail, en cours de démolition. Ils parlent de la cité, de l'ostracisme et de l'instrumentalisation qu'ils subissent. Une jeune fille s'interroge : «Est-ce à nous de nous intégrer ou est-ce à la société de le faire?» La caméra n'est pas inquisitrice, elle laisse le temps de parler.

Autre période, autre médium : à Pierrefitte, les documentaristes ont investi le sinistre local du «Fil continu» utilisé par l'association Afpad, qui prend en