Menu
Libération
grand angle

Les éditeurs indignés

Article réservé aux abonnés
Le couple Barou-Crossman a navigué dans le maoïsme et le new age avant de fonder Indigène éditions en 1996. Après avoir vivoté pendant des années, ils savourent le phénoménal succès du livre de Stéphane Hessel.
publié le 12 avril 2011 à 0h00

Les bureaux sont sous les combles, à portée de voix de la cuisine, dans leur maison d'un quartier un peu excentré de Montpellier. On y trouve beaucoup de bouquins, bien sûr, mais aussi un matelas posé à même le sol, juste derrière l'ordinateur. Indigène éditions, l'éditeur du best-seller de 32 pages de Stéphane Hessel Indignez-vous ! est sis impasse Jules-Guesde, à Montpellier. «Cette maison d'édition est d'abord une maison où vivent ses éditeurs», dit en souriant Jean-Pierre Barou, son fondateur. Sa compagne, la brune Sylvie Crossman, téléphone aux Etats-Unis pendant que Jean-Pierre, cheveux blancs, cherche les tasses à café. Ou vice versa.

Seul à la manœuvre, le couple a fait son chemin en publiant d'abord des catalogues d'expositions montées par ses soins : Hozho. Peintures de guérison des Indiens Navajo, ou Benjy, voyage au pays du mandala tibétain. Sur son site, Indigène éditions se présente comme une maison «dédiée aux arts et aux savoirs des cultures non industrielles du monde». Tout un programme qui ne fait pas vivre. Sylvie Crossman, directrice éditoriale, rapporte presqu'en manière d'excuse : «Depuis que cette affaire est lancée, mon salaire mensuel n'a jamais dépassé 500 euros et quelques. Jean-Pierre, lui, est gérant bénévole.»

«Papa, cette fois, tu vas couler la baraque !» La scène se passe en janvier. Fatigué des incessantes réimpressions de l'opuscule de Stéphane Hessel, le gérant bénévole n'a pas relevé la m