Dans les arènes de Madrid, jeudi dernier, des personnalités du monde taurin ont rendu hommage à Victoriano de la Serna, décédé le 22 mai 1981 à 71 ans. Suicide. Coup de revolver dans sa propriété de la Mancha. Il avait une tumeur cérébrale. Alors, ni une ni deux. Quelques jours auparavant, il avait fêté le cinquantième anniversaire de son alternative. C'était en 1931 et c'était un temps déraisonnable. La république espagnole naissait, Gitanillo de Triana se faisait tuer par le toro Fandanguero, des anarchistes brûlaient des couvents, Hemingway écrivait Mort dans l'après-midi, les «rouges» criaient «Vive la Russie» et les monarchistes «Vive l'Espagne». Qui allait exploser bientôt.
En mai 81, De la Serna avait projeté d’aller, le 23, voir à Madrid toréer Manolo Vasquez, pour lui le seul torero intéressant de l’époque. Finalement, non, et la veille, boum. La surprise, la crânerie ont toujours été l’ingrédient de son art déconcertant et le moteur de son dandysme, qu’on dira détonnant pour faire le malin. Il était né en 1910 à Sepulveda, près de Ségovie, avec une cuillère en argent dans la bouche, «dans un berceau en or» en version espagnole. Il était issu d’une famille riche et pas du tout aficionada a los toros. Lui fait des études de médecine à Valladolid et paf, en dernière année, décide de faire le torero.
Extrême. Le 27 août 1933, il se présente comme novillero à Madrid. Il y affronte des toros de Pinto Barreiro avec Chiquito de la