S'il est une époque passée qui s'impose comme le miroir de la nôtre, c'est bien la Restauration. Même triomphe de l'argent, même pulsion inégalitaire, même soulagement des puissants. Quand il écrit Mille Francs de récompense, Victor Hugo est à Guernesey et tous les moyens lui sont bons pour dénoncer l'injustice sociale. Quatre ans plutôt, pour les Misérables, il recourait au genre du roman populaire et donnait la parole au bagnard Jean Valjean pour montrer les effets dévastateurs de la réaction sociale. Ici, il opte pour le mélodrame, forme dominante du théâtre au XIXe siècle et garde le même dispositif : un brigand au cœur pur et plein de bagout, Galpieu, qui nous fait circuler dans les différentes strates de la société.
Coffre-fort. Laurent Pelly a monté Mille Francs de récompense en janvier 2010, au théâtre de Toulouse Midi-Pyrénées. Après une tournée en province, le spectacle est à l'affiche de l'Odéon et, quand le rideau tombe sur le quatrième acte, le public applaudit longuement. Il a passé une bonne soirée, a beaucoup ri et a pu apprécier la beauté plastique des décors successifs. Car le mélodrame n'est pas le vaudeville, et l'action ne s'y limite pas aux quatre murs du salon bourgeois. C'est le point fort de la mise en scène de Pelly, que de pousser à l'extrême les coordonnées de chaque lieu. En particulier, l'appartement inaugural, qui donne le ton à tout le spectacle, est réduit à une structure métallique démont