Menu
Libération

Coluche, bouffon de la République

Article réservé aux abonnés
Dans les archives de «Libé», il y a vingt-cinq ans. Acteur, animateur, restaurateur du cœur, candidat à la présidence… Portrait d’un clown sublime de la banlieue qui a traversé tous les milieux avec l’aisance d’une insolence drapée dans le rire.
publié le 18 juin 2011 à 0h00

Accident de moto, mort sur le coup : coluchienne de vie, c’est la mort dans toute sa monumentale connerie. Et quel monument celle de Coluche. Une mort crève-cœur sans doute, mais plus encore une disparition dont on sait confusément qu’elle ne laisse rien intact dans ce pays qu’il ramonait activement - depuis son succès foudroyant de 1974. Les pieds dans la merde hexagonale, il n’en continuait pas moins à purger l’imaginaire et le langage de nos contemporains, c’est-à-dire tout aussi bien le nôtre, avec l’ardeur et la générosité des bouffons des grands rois du moyen-âge finissant.

Un jour dans une interview à Libération :«II n'y a plus un seul chef d'Etat qui serait assez costaud pour avoir un bouffon.» Rien n'est plus dérisoire et pourtant rien n'est plus essentiel que le bouffon. C'est toujours celui qui dit la vérité, contre vents et marées, contre rires et sarcasmes, celui qui ose. Que rien n'arrête. Impossible de le faire taire tellement tout le monde rigole, même ceux qui devraient en avoir honte.

En toute occasion, Coluche affichait, manifestait une liberté phénoménale, que ce soit à la table de Giscard ou de Mitterrand, à la télé, sur scène, avec ses amis, ou dans le plaisir. Cette liberté, chacun sentait bien son caractère immense, quasiment illimité. C’était une liberté destructrice et séduisante, tendre et brutale, en tout cas une liberté difficile à accompagner, à suivre, tellement elle paraissait impraticable par tout autre que lui.

Clown sublime d