L’homme percera-t-il un jour le secret de son cerveau ? Dans vingt ans, cinquante ans, un siècle ? Les spéculations les plus aléatoires circulent. Cette quête apparaît comme la prochaine frontière de l’homme, celle qui lui permettra de se dépasser, prétend le mouvement transhumaniste. Les efforts de la recherche tendraient à les conforter. Simuler le cerveau humain sur un ordinateur. Visualiser le réseau de milliards de neurones connectés les uns aux autres, suivre le trajet d’une impulsion à l’intérieur de la Toile, détecter les racines de la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson.
C'est l'incroyable défi du Human Brain Project, initié par le neurobiologiste Henry Markram, associant treize centres de recherche en Europe et réclamant un milliard d'euros sur dix ans. Ce projet d'envergure prend pour assise les travaux de Blue Brain basé à l'Ecole polytechnique de Lausanne, en collaboration avec IBM, et se vante d'avoir réussi à copier une colonne néocorticale d'un cerveau de rat en neuf ans. Parvenir à reconstituer la complexité d'un cerveau humain, ses quelque 100 milliards de cellules avec leurs connexions, paraît plus chimérique. L'aventure, qui prend des allures d'une course avec le projet Human Cognome aux Etats-Unis, est comparée à la conquête de la Lune. Orateur volontiers iconoclaste, Henry Markram prédit : «D'ici dix ans, nous pourrons savoir si la conscience peut être simulée dans un ordinateur.» Ces recherches nourrissent les spéculations les plus outrancières