Le 65e festival d'Avignon s'ouvrira prochainement dans un profond malaise, né des conditions dans lesquelles le futur directeur a été désigné par le ministre de la Culture. Soyons clairs : Olivier Py, par son travail d'artiste et son engagement, mérite évidemment de pouvoir être candidat à la direction du festival d'Avignon. Mais voilà, d'évaluation, de réflexion, d'analyse du travail accompli par l'équipe en place, il n'est absolument pas question. Moins encore d'observation du contexte artistique et culturel du moment, ni d'une projection à cinq ou dix ans sur ce que devrait devenir le festival. Sur un coup de tête ministériel, Olivier Py a été débarqué de l'Odéon, sur un autre coup de tête - envers de la même médaille -, il fut désigné pour Avignon. C'est ce que l'on appelle l'autorité de l'Etat : circulez, il n'y a plus rien à voir ! Et que la fête commence !
La fête, vraiment ? Avignon est une aventure humaine collective hors du commun. Avignon est un événement artistique et culturel qui appartient autant à son public, aux nombreux partenaires qui s’y investissent (associations, mouvements éducatifs, collectivités…) qu’aux artistes invités et aux professionnels qui y travaillent. Avignon appartient surtout à son histoire, à son éthique, faisant de ce festival, depuis sa création par Jean Vilar, le phare symbolique d’une certaine idée du théâtre public et de la place de cet art dans le processus démocratique auquel nous aspirons. Avignon est enfin le lieu même