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Libération
TRIBUNE

L’inquiétante Maison de l’histoire de France

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par Vincent Duclert, Historien, enseignant-chercheur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et Isabelle Backouche, Historien, enseignant-chercheur à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS)
publié le 12 juillet 2011 à 0h00

On aurait pu s'attendre, au vu des assurances des membres du comité d'orientation scientifique de la Maison de l'histoire de France, à ce que leur avant-projet (remis au ministre de la Culture le 16 juin) soit un solide contre-feu opposé aux tentations réactionnaires, démagogiques et hypercentralisées de cette initiative présidentielle. Rien de tel malheureusement. Certes, les membres du comité se refusent à toute histoire officielle ; ils revendiquent «rigueur scientifique» et «connaissance authentifiée du passé» ; des perspectives historiographiques sont tracées ; la «valorisation de la recherche» est comptée dans les missions de la future Maison. Mais ce texte de 71 pages souffre d'un double défaut. L'alignement de grands concepts souvent vides de sens est tel qu'on se demande comment tirer des lignes directrices d'un tel discours et comment imaginer un musée, que ce dernier s'appelle ou non «Maison». L'annonce de l'exposition de préfiguration, «la France, quelle histoire !», décrite succinctement sur deux pages, ne lève pas les inquiétudes et illustre la seconde faiblesse du texte. Le souci de faire populaire, d'attirer le grand public, particulièrement les jeunes, conduit à adopter les seules postures de la communication, un véritable feu d'artifice de formules choc censées séduire le lecteur. Faute d'avoir une vision claire de l'histoire assignée au musée, les auteurs oublient leurs pieuses intentions scientifiques et s'égarent dans