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Cosmiques troupiers

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[Bandes à part]. Tout l’été, «Libération» baguenaude dans des groupes à la marge. Aujourd’hui, le compagnonnage sous acide entre le chantre américain du LSD, Timothy Leary, et des musiciens allemands réunis par une vision. C’était en Suisse, à l’été 1972.
publié le 18 juillet 2011 à 0h00

Ce fut une parenthèse enchantée au faîte de la musique pop, une poignée de demi-dieux qui passaient leur temps torse nu, ou plutôt de «messagers cosmiques» (puisqu’ils se considéraient comme tels) réunis par une sorte de vision. Et les circonstances : les subtilités de la législation helvète, un appel d’air à engloutir une planète et l’ambitionfloue d’inventer le son du paradis mais aussi, qui sait, le monde qui va avec.

Cela a duré le temps d’un été : 1972, une petite ferme perchée dans les environs de Berne appartenant à un dénommé Albert Mindy. Trente ans plus tard, il reste peu de chose. Les morts : le chantre américain du LSD, Timothy Leary, ou son scribe (anglais) de l’époque, Brian Barritt ; le poète mystique suisse Sergius Golowin ; le bassiste du groupe de rock allemand Ash Ra Tempel, Hartmut «Eagle» Enke, qui vécut le plus souvent dans la rue entre 1974 et son décès, en 2005. Les disparus : le producteur de musique et visionnaire-escroc Rolf-Ulrich Kaiser, sa compagne, Gille «Sternmadchën» («la Fille des étoiles») Letmann. Les autres : le père de la pop électronique, Klaus Schulze ; le guitariste d’Ash Ra, Manuel Göttsching ; la galaxie Leary (Liz Elliott, quelques anonymes) ou encore l’artiste divinatoire gitan, Walter Wegmüller.

Qu'ont-ils partagé ? Du LSD, parfois à la bouteille, on en est sûr. Ce qui rend les témoignages délicats à manier. On sait qu'il y eut des conversations à la nuit tombée sur les différents niveaux de conscience, et notamment le dernier, le