«Vas-y avec diplomatie, a prévenu le pater, routier à la retraite qui a fait des traits de caractères régionalistes sa spécialité. Là-bas, on est entre le Beauceron et le Parisien, entre le radin et le ronchon.» Mieux vaut écouter ses conseils de fin gourmet et d'expert en rapport qualité-prix : «Le Relais de Montfort, c'est le dernier restaurant potable avant de remonter sur Paris. On peut garer nos camions et il y a certains plats qu'ils font très bien», jure-t-il. Sur la nationale 20, à 40 kilomètres de la capitale, juste après Etampes dans le sens province-Paris, cette grande bâtisse, prolongation d'un corps de ferme, a été rallongée au fil des ans par les deux frères et la sœur Cottin, qui font tourner l'affaire ouverte par leur père en 1964. Il fait aussi hôtel pour «les gars des chantiers». Les routiers, eux, dorment dans leurs camions, sur les parkings qui bordent la nationale. Un passage souterrain a été creusé en 1975 pour permettre à ceux qui descendent vers la province de pouvoir se restaurer sans risquer leur vie.
Ravigote
Quand il était en activité, Achille 28- nom de cibiste du padre - s'arrêtait systématiquement au Relais de Montfort à l'heure du déjeuner, quand il transportait dans son 38 tonnes les céréales des plaines de la Beauce vers les moulins de la banlieue parisienne. Au comptoir du restaurant, l'accueil est poli mais ferme. Il faut vite circuler : «Ce n'est pas le bon moment, là, dit Daniel Cottin, un des troi