Une interview avec Amy Winehouse durait rarement plus de vingt minutes. Libération l'a rencontrée un certain 27 juin 2007, à Paris. Ce jour-là, un nouveau Premier ministre anglais, Gordon Brown, prenait ses fonctions. La très londonienne Amy, alors âgée de 23 ans, n'en a cure. Jeans slim noir, ballerines aux pieds, elle picore un paquet de chips et se fait passer pour une idiote afin que l'entretien se termine le plus rapidement possible.
La politique vous intéresse ?
Je suis assez ignorante, juste musicienne.
Il y a trois mois, en concert privé Canal +, vous aviez l’air de vous foutre du public…
Je vous jure que je suis une bonne fille. Il n’y a aucune arrière-pensée, aucune réflexion derrière ce que je fais. C’était juste marrant de voir les gens applaudir sur commande. C’était une émission préenregistrée, rien à voir avec le fait que ce n’était pas ma chanson. Je n’ai guère de consistance, vous savez, je suis plutôt bête, pas si futée.
Avant d’enregistrer Back to Black, aviez-vous fait des recherches sur les Ronettes, ou Sweet Honey in the Rock ?
J’écoute des groupes de filles des années 60, la plupart signés chez Motown. Je n’ai fait aucune recherche. Ce n’est pas prémédité, je n’ai même pas essayé de faire un album comme ça, je n’écoute pas de nouvelle musique, juste les vieux trucs. J’ai essayé de faire quelque chose qui ressemble à ce que j’écoute. Encore une fois, je ne suis pas une fille maligne. J’ai écrit mon album en cinq mois, j’ai essayé de faire un disque que je pourrais écouter chez moi. Depuis trois ans, en fait, je n’écoute que la musique des juke-boxes dans les pubs où je joue au billard... Désolée, je suis vraiment nulle en interview.
Quand avez-vous découvert que vous aviez une voix ?
Je savais que je pouvais chanter, mais je