Il y a cinquante ans, s’envolait Youri Gagarine le «cosmonaute numéro 1». Il n’en fallut guère plus pour mettre Mars en cible numéro 1 des rêves de voyages interplanétaires. La Lune ? C’est trop près. 380 000 kilomètres, une banlieue. D’ailleurs, on allait s’y rendre moins de dix ans après le court voyage inaugural de Gagarine. Mars est une destination autrement sérieuse, plus de 50 millions de kilomètres, en tirant au plus court. C’est une vraie planète, avec une atmosphère (irrespirable), des traces d’eau (très anciennes), des saisons (mais les températures dépassent rarement 0°C). Depuis un demi-siècle, Mars fait fantasmer les cosmonautes, les ingénieurs, les aficionados du cosmos, et même les agences spatiales.
En 1994, en visite à Baïkonour, la base spatiale russe au Kazakhstan, à l'époque en pleine déglingue, on pouvait lire sur des panneaux un slogan à la mode soviétique proclamant : «En avant vers Mars !» Il y a un quart de siècle, spéculant sur la mécanique céleste et les années où partir de la Terre vers Mars permet le voyage le plus court, un premier vol de cosmonautes était annoncé pour 2018 ! Au mieux, à cette date, on y verra un petit robot grattouiller le sol aride et froid d'une planète hostile.
Dès les débuts de l’astronautique, les ingénieurs dessinent les contours technologiques d’une conquête humaine de Mars. Inventent, sur le papier, d’immenses fusées propulsées par des réacteurs nucléaires. Croquent, en quelques coups de crayon, des bases où des