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Darshana Emma Hakim Oblomov

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[Prénoms de fiction 4/6] . Catherine Henri, qui cite ses élèves dans ses livres, s’applique à préserver leur anonymat tout en respectant leur culture et leur histoire.
publié le 27 juillet 2011 à 0h00

«Libres cours est le troisième livre où j'évoque des élèves. Il était hors de question d'écrire leurs vrais noms, moins pour des raisons juridiques, que par respect pour leur intimité et leur modestie. En les modifiant, j'ai gardé la trace de leurs origines et j'ai aussi cherché une correspondance musicale ou poétique : Karim peut devenir Hakim, Dikshita, Darshana. Mais le pseudonyme n'est pas uniquement discrétion. A chaque petit récit les personnes qui apparaissent excèdent leur seule identité et deviennent comme des figures de situations qui m'ont éveillée.

«L'élève renommé représente un peu plus que lui-même. L'un d'eux, qui était une figure de mon premier livre De Marivaux et du Loft, l'a lu, s'est reconnu et m'a reproché une erreur. J'avais écrit que son grand-père serbe, résistant pendant la Seconde Guerre mondiale. était titiste ; il m'a expliqué que si une immense majorité des résistants serbes soutenaient Tito, un petit pourcentage était royaliste, à l'instar de son grand-père. C'est exactement cela, le passage du documentaire à la fiction. Il y avait une vérité lui appartenant puisque j'avais transcrit sa phrase, mais avec une transformation involontaire.

«La fiction ne réside pas uniquement dans l'invention consciente, elle est aussi produite par l'écoute et la subjectivité, quoi qu'on veuille. Ce passage est l'une des raisons qui justifient le changement de nom. Je suis toujours sensible aux prénoms de mes élèves, comme à ceux des fictio