Il ne reste vous plus que quelques jours pour profiter, à la Halle Saint Pierre, au pied de Montmartre à Paris, d'un bel échantillonnage d'art brut, singulier et naïf. Soit plus de 300 œuvres d'outsider art extraites de la collection de l'Allemande Charlotte Zander, qui en a rassemblé quelque 4 000 au château de Bönnigheim, au nord de Stuttgart, avec des stars telles que Adolf Wölfli (1864-1930) ou l'écrivaine Unica Zürn (1916-1970).
Il y a peu de chance que votre œil n’accroche sur aucun des créateurs exposés sur les deux étages de la Halle. L’art autodidacte «de qualité» a en effet produit une si grande variété de formes et de démarches - qui croisent parfois, fortuitement, celles de l’art «savant» - que le visiteur a l’impression de s’immerger dans une recomposition kaléidoscopique de plusieurs siècles de création, des primitifs jusqu’aux plus conceptuels des contemporains.
Délire. Martine Lusardy, commissaire de l'exposition et directrice des lieux, n'a pas voulu d'indications sur le parcours des artistes à côté des œuvres, estimant que l'art brut, comme tout autre, doit s'apprécier de façon brute, sans préalable biographique. Pourtant, lorsque l'on découvre ces travaux qui semblent surgis à la faveur d'une absence totale d'inhibition, on s'interroge rapidement sur ce qui, chez ces créateurs, leur a fait baisser la garde à ce point : folie, transe médiumnique, obsession décorative, délire théologique, ferme ennui d'une vie de reclus ? A quels manq