On l'avait annoncé historique, motif à lui seul d'un déplacement en terre gersoise. Un rendez-vous hors du commun, jusqu'alors inédit. Et ce fut le clou, un must, de l'ordre d'un moment libérateur et rare. Attendu comme le pic de cette 34e édition de Jazz in Marciac (JIM pour les initiés) par un chapiteau comble (de 6 000 places) en émoi, un événement capable de balayer toute tracasserie du quotidien en échange d'un transport empreint de spiritualité vers la canopée. Cette nuit-là, on quittait donc le ras des pâquerettes du monde matériel pour un ailleurs musical à haute charge spirituelle : Ahmad Jamal avait invité Yusef Lateef.
C'était, sur le calendrier chargé de la tournée d'été européenne du pianiste octogénaire (né en 1930 à Pittsburgh), favori de Miles Davis, l'occasion unique d'assister à cette rencontre avec le saxophoniste, né à Chattanooga (Tennessee) de dix ans son aîné. L'échange entre deux légendes du jazz qui ont contribué à l'écriture d'une grande partie de l'histoire de la Great Black Music américaine du XXe siècle.
Cascade. Une appétissante soirée autour du piano, avec une belle entrée en matière en compagnie d'une nouvelle génération qui ne manque pas de virtuosité, le Cubain Harold Lopez-Nussa en trio et l'Arménien Tigran Hamasyan en solo, qui fit fondre l'auditoire entre tendre ballade susurrée et fougue aux reliefs tranchés. Ce qui suivit dépassa toutes les attentes.
Une première demi-heure feu follet avec Ahmad Jamal