Oh les beaux gosses. Pedigree ? Ce sont des loulous suisses des années 60, des mutins en herbe photographiés par Karlheinz Weinberger (1921-2006), autodidacte né à Zurich, comme Robert Frank, René Burri, ou l’indomptable Annemarie Schwarzenbach.
Un temps reporter underground, notamment pour la revue Der Kreis, club gay zurichois réputé, Karlheinz Weinberger s'initie en 1958 aux us et coutumes des blousons noirs helvètes, entre Bâle et Zurich, cités bancaires.
Choc ? Non, justement, et c'est tout le prix de ses attachants portraits, aucun désir d'effaroucher ou d'enjoliver, la réalité fait loi. Salut les voyous ! «La photographie n'a d'intérêt que dans la tribu», note François Cheval, conservateur du musée Niépce, qui expose 35 épreuves de cette jeunesse vintage. Et il ajoute : «Karlheinz Weinberger suit son intuition et construit son sujet, probablement dans la fascination, mais en se débarrassant du folklore. C'est très rare un travail aussi abouti, et il faut quand même imaginer l'époque et le hors-champ des cantons germanophones.»
Réalisée en partenariat avec l’avant-gardiste Fondation suisse pour la photographie (Winterthur), «Rebelles» montre la dynamique de la photographie amateur. Et l’allégresse d’une tribu qui honore ses héros américains, Elvis Presley, James Dean, et les Rolling Stones, en concert à Zurich le 14 avril 1967.
Portée à hauteur de braguette, façon miroir de poche, ou autour du cou, tel un collier yoruba, voici l’effigie