On connaissait depuis un moment le sujet du nouvel opus de Steve Reich : le 11-Septembre. Composé l'an dernier à la demande du Kronos Quartet, WTC 9/11 comprend des enregistrements des voix des contrôleurs aériens, des pompiers et des survivants de la catastrophe. Beaucoup de ces sons sont disponibles en ligne depuis plusieurs années, et Reich lui-même a expérimenté l'horreur distante de la voix piégée puisque, au moment de l'attaque, il était dans le Vermont en relation téléphonique avec son fils, qui vivait à cinq blocs des tours et voyait la fumée noire envahir son appartement : «Ça n'a pas été un événement médiatique pour moi, déclarait Reich au Los Angeles Times,mais une expérience terrifiante que je n'oublierai jamais.»
Malaise. Comme pour son chef-d'œuvre de 1988, Different Trains, qui traitait de la Shoah, il s'agit d'approcher l'inapprochable. La méthode consiste ici à tirer la mélodie des voix enregistrées pour en faire un thrène poignant qui soit aussi un témoignage de survie, une invitation à l'espoir humain.
Las, la mauvaise idée vient plus tard. Lorsque l’œuvre, après avoir été exécutée en public et bien accueillie, est gravée pour le CD et que la maison de disque de Reich, Nonesuch, décide de mettre une photo du second avion sur le point de percuter la seconde tour en pochette.
C'est un trait caractéristique de la musique minimaliste américaine (outre son antisérialisme, qui la place aux antipodes de n