Dans un essai publié par Harper's Magazine en 1996, Jonathan Franzen citait les couvertures de Time Magazine comme «l'exemple parfait de la dégradation de la littérature dans la culture américaine». Il serait naïf, assurait-il, d'espérer de Time qu'il consacre encore sa une à un romancier (mis à part un auteur de best-sellers comme Stephen King). On peut imaginer sa surprise quand, à la sortie de son nouveau roman Freedom l'été dernier, il se retrouva lui-même dans cette situation. «Grand romancier américain», titrait le célèbre magazine, sous un portrait de l'écrivain. Le livre fut l'événement littéraire de l'année 2010 aux Etats-Unis. Pour le New York Times, il a même «donné naissance à une sorte de débat national sur la place de la littérature dans la vie quotidienne des Américains».
De Jonathan Franzen, on attendait son nouveau livre depuis neuf ans et la sortie des Corrections. Paru en 2001, ce best-seller littéraire (plus de trois millions d'exemplaires vendus) est désormais considéré comme une œuvre majeure de la littérature contemporaine anglo-saxonne. Succès critique autant que commercial, Freedom est bien parti pour le suivre. Encensé par tous les grands journaux, ce pavé de 650 pages - l'histoire d'une famille de la middle class américaine, narrée dans une langue exigeante - s'est pour sa part arraché, en moins d'un an, à plus d'un million d'exemplaires dans son pays.
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