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Sainte-Pélagie, l’affranchie

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[Prisons de légende 2/6] . Au XIXe siècle, de nombreux intellectuels se retrouvèrent dans l’établissement parisien où l’on ripaillait autant que l’on débattait politique.
publié le 22 août 2011 à 0h00

Apropos de la prison Sainte-Pélagie, Alexandre Dumas eut ce mot : «Elle finit par ressembler, en mieux, à un quelconque bottin mondain.» La liste des personnalités qui sont passées par cet établissement hors norme est en effet impressionnante. Louis Arago, Gustave Courbet, Raspail, Blanqui, Proudhon, Jules Vallès… Bon nombre d'intellectuels du XIXe siècle, dont le seul tort était de ne pas être d'accord avec les monarques et les puissants.

Ancien refuge pour filles repenties, Sainte-Pélagie se trouvait sur le site actuel de la Grande Mosquée de Paris, dans le Ve arrondissement. Elle fut transformée en prison en 1792 et détruite en 1898. Le temps d'un siècle tourmenté, elle accueillit les délits politiques et de presse, deux synonymes pour l'époque. Quand Victor Hugo dirige officieusement le journal l'Evénement, Proudhon est à la tête du Représentant du peuple. Et Jules Vallès écope de trois mois de prison pour un article sur la police, paru dans le Globe en 1868.

Sous la monarchie de Juillet et le Second Empire, la censure est féroce. La case Sainte-Pélagie est alors un événement banal de la vie des pamphlétaires. Pour beaucoup, même une fierté. Piédestal des journalistes, elle est le repaire des républicains, car la censure touche surtout les journaux d’opposition aux finances fragiles, étranglés par les amendes.

Première victime du siècle, la caricature. Le journal le Charivari, précurseur du genre, voit son d