Il est assez rare qu'un projet de film prenne des dimensions d'affaire d'Etat. C'est ce que subit actuellement Kathryn Bigelow, la réalisatrice américaine oscarisée de Démineurs, accusée de jouer le jeu d'Obama dans la course à la présidentielle qui aura lieu l'année prochaine. La cinéaste compte en effet sortir son prochain film aux alentours du 12 octobre 2012, soit vingt-cinq jours avant le vote fatidique. Or, le sujet du film n'est pas anodin : il s'agit de la traque et de l'opération militaire ayant abouti à la mort d'Oussama ben Laden, le 2 mai 2011. Dans le contexte américain où l'on ne rigole pas avec le patriotisme, quelques voix se sont interrogées (notamment du côté du LA Times et du New York Times) sur le soutien que ce film apporterait, ou non, à l'administration Obama, qui tient avec cette affaire un des rares motifs de satisfaction de son mandat.
Secret défense. Côté politique, la contestation est venue du membre du congrès Peter King, de New York. Dans une intervention auprès des médias, il s'est montré inquiet sur la divulgation d'informations ultrasecrètes à propos justement du raid militaire. «Il n'est pas question qu'une réalisatrice puisse renseigner l'ennemi», a-t-il notamment déclaré, préconisant que la Maison Blanche et la CIA aient un droit de regard sur le contenu du film avant d'en autoriser la sortie. Dans le collimateur de l'homme politique, le scénariste de Kathryn Bigelow, Mark Boal, qu'il sou