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Les communardes mises à l’épreuve

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En 1871, une photo montrait les prisonnières de Versailles élégantes et bien traitées. C’était un faux. Louise Michel parle plutôt de guenilles, de haillons et de violence.
publié le 23 août 2011 à 0h00

Le visage dur et les sourcils froncés, c’est Elisa Rétiffe. La jolie veuve Leroy est, elle, en grande tenue de deuil ; Léontine Suétens a l’air tout étonnée d’être là, Hortense David fume son célèbre cigare, Joséphine Marchais a l’air insolente au-dessus de son collier de perles et Louise Bourgois bougonne sous son chapeau militaire. Un goûter de bourgeoises ? On en est loin, puisqu’il s’agit de communardes entaulées à Versailles en 1871, prises en photo par Eugène Appert, photographe anticommunard. Et le seul à avoir eu le droit de faire des clichés de communards (quelques centaines) dans les maisons d’arrêt de Versailles, explique Catherine Tambrun, qui archive les photos du musée Carnavalet et qui a patiemment nommé, listé ces femmes emprisonnées.

«J'ai retrouvé les portraits d'environ 70 femmes. Un éventail unique de femmes de diverses couches sociales, ces portraits sont assez rares, et nous n'avons qu'un seul album photo de l'époque qui montre les femmes arrêtées alors que les albums consacrés à la Commune présentent toujours les portraits des hommes.» Elles sont toutes assises, sur fond apparemment gris, lumière naturelle, mains sur les genoux, suivant une consigne donnée par le photographe. «Ces images ont été vendues chez l'opticien, le papetier, le libraire, le colporteur», avant d'être interdites, raconte Catherine Tambrun, car elles deviennent vite gênantes pour le pouvoir. Fédérés, versaillais, ecclésiastiques exécutés, les portraits des acteur