Des pochtronnes, des mégères, des pétroleuses incendiaires, des femmes débraillées, sales, rougeaudes ou, hérésie suprême, des femmes en uniforme. Ainsi paraissent les communardes (10 000 selon Louise Michel, la plus célèbre d'entre elles) dans la belle série de lithographies des Communeux de Paris réalisée à chaud à l'été 1871 par Bertall, caricaturiste mondain du Second Empire. Cette typologie qui vaque de la combattante exaltée à la fille de petite vertu, restera fixée dans la mémoire collective.
Bertall ne fut pas le seul à épingler les communardes. Dans pratiquement tous les journaux et les chroniques qui suivent la révolution parisienne du printemps 1871, la «fille» de la Commune est présentée comme l'antifemme du XIXe siècle (ni bonne mère ni bonne épouse), une hystérique qui boit et qui fume. On les traite de «femelles», de «louves», de «mégères», de «soiffardes», de «pillardes», de «buveuses de sang». Se pliant à l'idéologie déjà en vogue des antécédents viciés, il est répété à longueur de profil psychologique que ces vilaines femmes sont censées se distinguer dès l'enfance par leurs «mauvais instincts», leur «conduite immorale», leur «détestable réputation». On traite les plus intellectuelles d'entre elles, dont Louise Michel, de «laideronnes furibondes» ou d'«institutrices déclassées».
«Mégères, ivrognes, prostituées»
«Alexandre Dumas résume à lui seul la misogynie des écrivains de l'époque