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Spandau, nid de nazis

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[Prisons de légende 3/6] . Après-guerre, sept dignitaires du Reich furent incarcérés dans la geôle berlinoise. Rudolph Hess, dernier a y être détenu, s’y suicida en 1987.
publié le 23 août 2011 à 0h00

Berlin, fin juin. On dit à Marco qu'on va aller à Spandau. Il n'a jamais mis les pieds dans ce quartier excentré. Il demande : «Qu'est-ce que tu vas faire à Spandau ?» On lui parle de Rudolf Hess, de sa prison. Il ne sait pas qui c'est. Marco a 28 ans, il est né à l'Est.

On part donc de loin. Il y a un peu moins d'un mois, l'histoire de Hess a connu un point plus que final avec la destruction de sa tombe dans le village de Wunsiedel en Bavière. Elle faisait en effet l'objet d'un culte néonazi à la date anniversaire de sa mort, le 17 août. La concession n'a pas été renouvelée, avec l'accord de sa petite-fille, et la stèle, qui portait la mention «J'ai osé», a été rasée.

Rudolf Hess fut le secrétaire particulier de Hitler bien avant son accession au pouvoir. Ensemble, ils foirent le putsch de Munich avec Himmler et Goering entre autres, en 1923. Ils seront du coup compagnons de cellule. En tant que secrétaire, Rudolf Hess participe à la rédaction de Mein Kampf. Jusque-là, c'est la routine nazie. Il est aussi corédacteur des lois sur la protection du sang allemand (des lois antisémites, donc). Hitler le présente comme son dauphin, il sera le parrain de son fils. La guerre commence. Et soudain c'est le drame. Un matin du printemps 1941, Rudolf Hess se barre en Grande-Bretagne à bord d'un avion. Il se fait canarder au-dessus de l'Ecosse, atterrit en catastrophe et se fait arrêter direct. On le fout en taule, d'où il ne sortira qu'à sa mort. La taule en qu