Carnaby Streeta bien changé. Dans les années 60, à Londres, c’était le rendez-vous des mods. Assis sur leur scooter, costume à l’italienne, coupe de cheveux à la française, un polo Fred Perry sous leur veste, ils venaient dans cette rue proche d’Oxford Circus commander leurs tenues, chercher la dernière paire de chaussures à la mode et le programme rhythm’n’blues, soul et jazz. Les bandes mods, affamées de musique noire et de vêtement chic, y préparaient leur long marathon du week-end, qui commençait le vendredi pour se terminer le dimanche soir, dopées au Purple Heart, des amphétamines piquées dans la pharmacie de leurs mères. Utilisées comme antidépresseurs, ces tablettes avaient pour effets secondaires de les aider à rester éveillés.
Un petit polo en maille
Les mods venaient tous des alentours de Londres, à une volée de scooter : East London, Reading, Southend-on-Sea. Aujourd'hui, ils ne stationnent plus devant les vitrines. Remplacés par une masse uniforme de badauds qui s'habillent aux mêmes enseignes (Top Shop, Zara, Mango). Mais, au bout de Carnaby Street, deux grandes marques de la culture mod, Fred Perry et Ben Sherman, subsistent. Et, au coin, se cache une petite court («cour») où on peut encore voir des mods. Au deuxième étage ; la galerie Youth Club présente «Young Souls», une exposition du photographe Dean Chalkley, 43 ans, sur les acteurs de la Northern Soul, une variante des mods, plus obsédée par la musique que par la mode. Dean Chalkl