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Le Châtelet, peine capitale

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[Prisons de légende 4/6] . Du XIIe au XVIIe siècle, les pires supplices furent infligés aux hôtes de la forteresse parisienne, dont certains préféraient la mort aux cachots.
publié le 24 août 2011 à 0h00

Avant de devenir le point de ralliement des touristes en goguette, le Châtelet a longtemps été le quartier à fuir de la capitale. Du XVe siècle jusqu'au début du XIXe, c'était un enchevêtrement de ruelles sombres, fétides et dangereuses, où l'espace se partageait entre tavernes à mauvais garçons et boucheries nauséabondes. Le jour, dans les arrière-cours du labyrinthe, les bestiaux y étaient égorgés et, la nuit, c'était au tour des victimes de brigands d'y subir le même sort. Le nom des rues témoignait d'ailleurs du peu de diversité des catégories socioprofessionnelles locales : rues de la Grande-Boucherie, de la Triperie, de la Pierre-à-Poissons… Rues de la Tuerie, de l'Ecorcherie… sans oublier la rue de la Vallée-de-Misère qui se passe de commentaires.

Si le coin était à peu près infréquentable, c’est sans doute à cause de sa proximité avec l’édifice le plus craint des Parisiens : le Grand Châtelet, une bâtisse imposante, à l’architecture hétéroclite, qui, depuis 1190, abritait le siège de la prévôté de Paris, réunissant les services de police et la justice criminelle. Pendant six cents ans, les prévenus étaient d’abord conduits devant des magistrats qui, selon la gravité du forfait, déterminaient si le gredin devait passer entre les mains du bourreau pour la «question préparatoire», histoire de lui faire avouer son crime. En général, la réponse était oui. Selon la nature du délit, il était réservé au futur estropié le supplice de l’eau (entonnoir dans