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Libération
Critique

Sorrentino capte une âme en Penn

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Cure . Le réalisateur italien filme la vie blafarde d’une rock star rangée des amplis et rongée par le remords.
publié le 24 août 2011 à 0h00

Une vieille folle décatie, chargée de khôl et de souvenirs, avance à petits pas scandés par la sciatique dans les rues étroites d’une ville d’Irlande sous-imposée. Elle tire sa peine et son cabas roulant. Elle a une voix de fausset, comme formolisée dans l’enfance. C’est une ancienne rock star nommée Cheyenne, un homme marié qui fume. Il continue de se harnacher comme pour monter sur scène. C’est Sean Penn, mais ce n’est pas Gloria Swanson : Cheyenne déteste son ancienne gloire. Il a cessé de jouer, vingt ans avant, quand deux adolescents se sont tués après un de ses concerts. La culpabilité l’a figé.

Humilié. Il vit dans un château. Sa femme est pompier. C'est Frances McDormand, celle qui jouait la flic enceinte dans Fargo. Elle rayonne toujours de vitalité maternelle. Autour de Cheyenne, il y a aussi une jeune adolescente triste et drôle, jouée par la fille de Bono, et une femme mystérieuse, sombre et muette, au guet derrière la vitre : une Antigone vieillie, peut-être la mère d'un des suicidés.

On suit d’abord Cheyenne dans sa vie quotidienne de fantôme et de gros petit rentier. Il suit ses actions en Bourse et mange des pizzas surgelées. Puis il rejoint New-York, où son père vient de mourir. Rabbin, il a passé sa vie à traquer un nazi qui l’avait humilié dans un camp. Ce nazi habite aux Etats-Unis. Cheyenne le cherche, le trouvera. C’est l’occasion d’un road-movie plein de brèves rencontres, où l’art de la caricature du réalisateur italien, Paolo