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Angola, quartier d’esclaves

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[Prisons de légendes 5/6] . A la fin du XIXe siècle ouvre ce qui sera jusqu’aux années 1970 le pénitencier le plus sévère des Etats-Unis.
publié le 25 août 2011 à 0h00

«Worst America's Prison», la pire prison d'Amérique. Le titre de l'enquête de John Lear et E.W. Stagg, publiée dans le magazine Collier's en 1952, n'avait rien de racoleur. L'article disait simplement la vérité sur ce qui se déroulait, dans l'indifférence générale depuis plus de soixante-dix ans, à Angola, le plus sévère pénitencier du sud des Etats-Unis.

Tout avait commencé par un trait d’humour discutable, lorsque cette plantation avait été baptisée Angola par son propriétaire, Issac Franklin, en référence à la région d’Afrique où avaient été capturés ses esclaves. A sa mort, la veuve se sépara des terres, ce qui fit le bonheur de Samuel James, un ancien major de l’armée confédérée pendant la guerre de Sécession, devenu, en 1869, le patron de la prison d’Etat de Louisiane à La Nouvelle-Orléans. N’ayant pas perdu le sens des affaires, le major, un homme dont l’autorité confinait au sadisme, installa les prisonniers dans les anciens quartiers d’esclaves d’Angola puis, en toute légalité, loua les services de cette main-d’œuvre corvéable à merci.

L'affaire marchait si bien que, en 1901, le gouverneur fit d'Angola le pénitencier de tout l'Etat, construisant de nouveaux bâtiments afin de faire prospérer cette bonne terre où poussaient désormais en abondance le coton et le maïs. En dépit de grincheux qui faisaient remarquer que les prisonniers mourraient beaucoup à Angola, et pas forcément de mort naturelle, tout le monde prenait soin de regarder ailleurs. En 1917, un dire